Hiaika Shuu

Nom : Hiaika
Prénom : Shuu
Âge : Dix-neuf ans.

Monde d'origine : Shuu est né à Yesables, dans un monde appelé le "Pays du Sable."
Objet destiné aux voyages interdimensionnels : Une peluche blanche, "Hako", représentant un chat muni d'une très longue queue. La boule de poils inanimée possède le pouvoir d'ouvrir des portails sous les pieds de son propriétaire.

Description physique :
Shuu est un jeune homme peu banal qui, à son grand regret, a toujours eu un mal fou à se fondre dans la foule. La raison est sans conteste la couleur blanche de ses cheveux, qui descendent jusque dans le bas de sa nuque. Couleur on ne peut plus naturelle, au cas où vous vous poseriez la question, ce qui lui a toujours valu des moqueries et interrogations, tant de la part des gens qu'il côtoyait que de celle des inconnus qu'il rencontrait dans la rue. Il faut malgré tout avouer que depuis qu'il a découvert le voyage à travers les mondes, il lui est déjà arrivé d'atterrir dans des endroits où il était jugé aussi normal que n'importe qui d'autre. Le jeune homme ne mesure qu'aux environs d'un mètre septante pour une moyenne de cinquante-cinq kilos... pas très glorieux pour un garçon vivant dans un monde où la moyenne avoisine au moins le mètre quatre-vingt-cinq. Son apparence en général a souvent contribué à le faire passer pour une victime de base pour les caïds du coin ou les voleurs de bas étages. De grands yeux bleus, l'air un peu moins âgé qu'il ne l'est réellement, un sourire permanent aux lèvres, une peau assez pâle alors qu'il est sensé vivre dans une région ensoleillée, une carrure loin de valoir celle d'un athlète... Shuu a toujours été le stéréotype même du pauvre gentil garçon qui ne demande rien à personne mais qu'on embête quand même. Dans sa jeunesse, il faut avouer qu'il était fort complexé par son physique, mais il apprit à se défendre et à s'accepter tel qu'il est par la suite.
Shuu est aujourd'hui un jeune homme mignon aux yeux des femmes de son pays, dont les lèvres s'étirent en permanence en de nombreux sourires, qu'ils soient joyeux ou mélancoliques. Même s'il reste la victime de base de bien des gens louches, il n'en reste pas moins quelqu'un vers qui les gens aiment se tourner, car il leur inspire une certaine confiance. On se l'imagine mal dangereux ou hypocrite et l'on se rend bien vite compte qu'il écoutera toujours tout ce que l'on a à lui dire -même s'il trouve ça inintéressant-, ce qui fait qu'il a un indéniable talent pour attirer les plus bavards comme des mouches. Mais même s'il est aussi bienveillant qu'on se l'imagine, les gens se trompent souvent sur sa véritable force, qu'il s'est forgée lors de durs entraînements avec des gens réputés comme les meilleurs maîtres.

Au niveau vestimentaire, Shuu n'est vraiment pas difficile et tente de s'accoutumer au mieux aux mondes qu'il visite... il a évidemment une légère préférence pour les vêtements amples et confortables mais est aussi bien prêt à porter un kimono qu'une tenue de motard ou une chemise hawaïenne s'il le faut.

Description mentale :
Gentil, poli, serviable, aimable... on peut vraiment dire que la personnalité de Shuu se marie à la perfection avec l'image que l'on se fait de lui à première vue ! Toujours disposé à venir en aide aux gens qu'il apprécie, même s'il ne les connait pas depuis longtemps, il ne semble pas souvent se préoccuper de lui même ou de ses propres besoins. Loin d'être timide mais restant néanmoins un peu plus réservé, il évite d'étaler sa vie avec la première personne qu'il croise dans la rue et tente toujours de ne pas s'imposer dans les groupes qu'il fréquente, de peur d'ennuyer les autres ou de paraître lourd. Le jeune homme préfère rester discret ou se mettre légèrement à l'écart, prêt à intervenir lorsqu'un de ses camarades a un problème ou a besoin qu'on lui remonte le moral, mettant toute son âme à lui rendre le sourire, quel que soit le moyen qu'il faille pour y arriver. Toujours optimiste, jamais fâché, contrarié ou vexé, il donne toujours le meilleur de lui même, même lorsqu'on ne lui demande rien. Pourtant, à l'inverse, il fait toujours son possible pour que les gens ne s'intéressent pas à lui et tente de les persuader qu'il n'a aucun problème, ce qui est totalement faux comme vous pouvez vous en douter.

Seulement, aussi gentil et souriant soit-il, il possède sa part d'ombre comme tout le monde... ses peurs et sa tristesse, il préfère les enfouir tout au fond de son cœur, n'ayant aucune envie de ressasser le passé : trop de mauvais souvenirs pourraient revenir faire surface. Il pense sincèrement que faire semblant d'être le homme le plus heureux du monde, pour qui tout va toujours bien l'aidera à ne jamais déprimer à nouveau. Et puis, ce n'est pas comme s'il voulait ennuyer les autres avec ses propres problèmes, refusant de devenir un boulet pour eux ou qu'ils s'inquiètent d'une quelconque manière pour lui. Tout ce qu'il veut, c'est de continuer de vivre sa petite vie d'errance et de solitude, sans jamais redevenir un fardeau pour qui que ce soit. Le jeune homme veut tout simplement donner sans jamais recevoir en échange.

Quant au reste, il tente de réfléchir un minimum avant d'agir et n'est vraiment pas belliqueux. Il tente un maximum de résoudre les conflits par le dialogue et la diplomatie, persuadé que faire couler le sang inutilement est l'une des pires choses qui soit. Mais même s'il fera tout pour trouver une solution pacifique aux divers problèmes, si la vie de l'un de ses compagnons ou son honneur est en jeu, il n'hésitera pas à faire mordre la poussière aux coupables. Je pourrais également ajouter que Shuu est assez émotif mais qu'il arrive toujours à cacher ses vrais sentiments derrières ses inséparables sourires. Enfin, sa notion de la justice est l'une des plus dures et égoïstes qui soient : seuls les plus puissants y ont droit. Les faibles sont condamnés à l'injustice éternelle et il ne tient qu'à eux de s'en sortir ! Pour sa part, Shuu tente de devenir toujours plus fort afin d'augmenter la portée de sa propre justice et d'en faire profiter ses compagnons. Après tout, il vient d'un monde où la lutte pour la survie est omniprésente et où la loi du plus fort est de rigueur.

Pouvoir : Les habitants de Yesables ont toujours craint et admiré le pouvoir de Shuu, considéré comme un don du dieu des enfers.
Dokurai no Kougou est le nom que le jeune homme donne à son pouvoir, signifiant "Impératrice du sombre poison." (jeu de mot particulièrement pourri entre doku, poison et kurai, sombre) En réalité, il est capable de sécréter du venin grâce à n'importe quelle partie de son corps ou même de faire en sorte que ses armes en sécrètent pour lui. Il peut changer à volonté la nature du venin qu'il génère, mais ce dernier n'est jamais mortel pour qui que ce soit, il est juste destiné à suffisamment affaiblir sa proie pour pouvoir l'achever tranquillement.
Même si la texture et la couleur du venin change avec les effets qu'ils produisent, ce dernier reste toujours un liquide sombre et inquiétant qu'il est bon d'éviter d'ingurgiter si l'on tient à sa santé. Le poison est relativement rapide à se répandre dans tout l'organisme ennemi, mais même s'il est impossible de fabriquer le moindre remède ou de s'immuniser contre lui, ses effets finissent toujours par se dissiper au bout d'une heure ou deux, voir un peu plus dans le pire des cas. Et en parlant d'immunité, ce pouvoir immunise le jeune homme aux poisons, naturels ou non.
Les différents venins sécrétés sont capable d'altérer les sens, de provoquer le sommeil ou de légères et incomplètes paralysies des membres, de ronger les forces tant physiques que magiques de la victime, de faire ressentir à cette dernière des sentiments comme la tristesse, la peur et le désespoir ou au contraire de la droguer pour qu'elle puisse "planer" avec un sourire béât,... Le jeune homme n'a pas encore testé toutes les possibilités de son pouvoir, mais il sait qu'il ne pourra jamais tuer directement de cette manière.
"Si tu ne peux vraiment pas devenir plus fort que lui, alors fais en sorte que ton ennemi devienne plus faible" est un dicton qu'il applique à merveille.

Arme : La seule arme que le jeune homme possède pour l'instant est un gantelet d'un fer aussi noir que la nuit, muni de griffes d'environ dix centimètres au bout de chaque doigt. Les dites griffes sont faites d'un or rendu brillant très résistant et particulièrement efficace lorsqu'il s'agit de trancher. Le gantelet, fort résistant, peut également aider à parer les armes blanches, exception faite des plus lourdes.
Ce n'est pas tant l'arme en elle-même qui rend Shuu efficace au niveau des combats, lorsqu'il décide de se battre, mais bien ses compétences de combat au corps à corps et son pouvoir. Entraîné depuis son plus jeune âge à se battre à mains nues, il était capable de tenir tête aux combattants les plus expérimentés de la garde royale (qui n'utilisaient eux aussi que leurs mains et leurs pieds), recevant alors l'admiration de ces derniers.
Shuu n'est pas un surhomme, loin de là, mais il n'en reste pas moins un allié de choix dans les diverses aventures.

Histoire :

-"Puisque je vous le dit ! Je l'ai vu de mes propres yeux !"

Le milicien, encore sous le choc, agita un gros morceau de verre sous le nez des quelques membres de la garde royale présents sur les lieux. Le verre était recouvert d'une substance sombre et violacée liquide, qui s'écoulait goute à goute. Les gardes restaient malgré tout un peu sceptiques, mais devant l'évidence même venue tout droit d'un témoignage de milicien, il n'y avait pas beaucoup d'éléments à rétorquer. Encore moins lorsque les preuves et le suspect étaient réunis au même endroit, à leur portée.

-"Le gosse à paniqué, a prit ce bout de verre et l'a enfoncé dans la jambe du Dévoreur !"

Le milicien venait de commencer son explication à grand renfort de gestes, en nage, incapable de contrôler son émotion.

-"Au début, j'ai simplement cru que ça me donnerait une opportunité pour embrocher le lézard, mais j'ai manqué ma chance et j'ai cru que tout était perdu ! Seulement, l'écailleux a commencé à agir bizarrement... on aurait dit qu'il avait à peine assez de force pour lever les bras ! Il tentait de reculer en titubant, le dos voûté... et il est tombé, simplement tombé, comme ça ! Paf ! En gémissant comme une bête à l'agonie ! J'ai juste eu à lui planter mon épée dans la gorge pour le vaincre..."

Au fil du récit, les gardes hochaient de la tête en guise d'approbation, tournant parfois leurs regards vers le cadavre saurien qui gisait non loin d'eux. Tout semblait coïncider à la perfection, la bête n'ayant que deux blessures : une plus légère au niveau de la cuisse et une plaie ouverte et profonde dans la gorge. Pourtant... toute cette histoire était vraiment incroyable ! L'affaire était devenue véritablement sérieuse.

-"J'étais intrigué, j'ai voulu comprendre pourquoi la bête s'était écroulée comme ça... et j'ai découvert que le bout de verre était recouvert de cette "chose"... c'est probablement "ça" qui l'a terrassé ! Regardez le gamin ! Il en a encore plein les mains, ça ne peut venir que de lui !"

Effectivement, le petit garçon, haut comme trois pommes, recroquevillé dans un coin sombre non loin des trois gardes, suçotait lentement ses doigts enduits de la même substance que celle qui avait terrassé le dévoreur. Il n'avait pas l'air d'en souffrir et, seulement couvert d'un fin morceau de tissus, il n'aurait pas pu cacher la moindre fiole de poison. Où aurait-il bien pu aller en chercher, de toute manière ? Qui aurait bien pu être assez fou pour fournir ce produit sacré à un enfant de son âge ? Personne, c'était purement et simplement impossible ! Personne de sensé, du moins... L'un des gardes s'approcha lentement du garçon aux étranges cheveux blancs, ce qui provoqua une immense frayeur chez ce dernier. Immédiatement, le venin violet recommença à couler abondamment de ses doigts, allant tâcher le sol... sécréter ce produit semblait être un mécanisme de défense tout ce qu'il y avait de plus banal pour lui.

-"Tu as raison... ce gosse est vraiment... venimeux..."
-"Je vous l'ai dit ! Le gamin, c'est... c'est un demi-dieu ! Un élu envoyé par Hjian..."
-"Nous devons absolument le ramener au palais, tu viendras avec nous expliquer ton histoire devant le roi !"

Les hommes s'approchèrent du petit et lui parlèrent doucement, pour essayer de le rassurer, ce qui ne fut pas sans difficultés. Rien de plus normal, lorsqu'on vit dans la banlieue, d'avoir peur de tout et n'importe quoi... la mort peut survenir à peut près n'importe quand. Être un enfant n'enlève rien à cette évidence horrible et chacun est conscient du danger qu'il risque. La dure loi du désert.
Il leur fallut de nombreuses et longues minutes avant de persuader le petit qu'ils ne lui feraient aucun mal et qu'ils allaient l'emmener voir le roi en personne. Ils durent lui promettre de lui montrer des fleurs de près, de pouvoir jouer avec tout ce qu'il voudrait et de manger autant qu'il le pourrait s'il les suivait avant que le petit ne se décide enfin à leur donner la main et à les suivre gentiment. Pour l'enfant, il ne s'agissait que d'une nouvelle aventure aussi intéressante qu'intriguante, probablement une récompense pour avoir aidé un milicien à survivre ! Pour les adultes, une page de l'histoire était peut-être en train de se tourner et ils étaient effrayés. Le cadavre du saurien fut abandonné là... il servirait de nourriture aux premiers passants qui le verraient, comme d'habitude.
Manger ou être mangé, l'une des grandes lois qui régissent ce monde.

L'enfant s'avançait lentement vers le roi, qu'aucun autre pauvre ne pouvait s'être vanté d'avoir vu en chair et en os, anxieux comme il ne l'avait jamais été durant ses dix années de vie. Le palais en lui-même était déjà fort intimidant pour quelqu'un comme lui : plus grand que tout ce qu'il s'était imaginé dans ses rêves les plus fous... plus beau, également. Chaque pièce était décorée de milles fleurs colorées et de riches tapis assortis, d'objets précieux qu'on ne trouvait pas là d'où il venait. Il avait l'impression d'avoir été emmené dans un monde différent du sien, où le désespoir se transformait en joie sans limite. Il enviait ces gens qui vivaient dans la représentation même du bonheur alors que les pauvres comme lui n'avaient droit qu'à une misère sans fin. Milles questions se bousculèrent dans sa petite tête... "pourquoi eux et pas nous" était celle qui revenait le plus souvent. Un enfant ne peut pas comprendre ce genre d'injustice que même les adultes ne peuvent totalement expliquer... il ne peut pas non plus comprendre pourquoi personne ne fait rien pour changer le monde. Malheureusement, cela ne marqua pas assez le garçon pour en faire un utopiste dont le doux rêve serait de changer la face de son pays.
Il arriva enfin devant le souverain de la ville, un grand homme robuste aux cheveux noirs et au regard bienveillant. A côté de lui se trouvait un trône vide, autrefois occupé par la reine, lorsqu'elle était toujours en vie. Les gardes qui avaient amené l'enfant s'étaient déjà expliqués une première fois devant leur seigneur et avaient ensuite eu pour mission d'amener l'enfant merveilleux devant lui. Ils s'agenouillèrent devant le roi, le garçon les regardant sans même penser à les imiter.
L'homme regarda le petit un long moment, avant de prendre la parole :

-"Quel est ton nom ?"
-"Shuu..."
-"Où sont tes parents ?"
-"Je sais pas..."
-"Qui s'occupe de toi, alors ?"
-"Personne, je me débrouille tout seul..."
-"Je vois, je vois. On m'a dit que tu avais un don incroyable. Est-ce que tu pourrais me montrer ça ?"
-"Oui..."

L'enfant tendit une main tremblante vers le roi et le liquide violacé commença à couler le long de ses doigt avec de finir sa course sur le tapis rouge. Le roi en resta bouche bée tandis que ses conseillers les plus fidèles et que les plus grands sages et savants du royaume, qui avaient été conviés, poussaient des exclamations à tout va. Les animaux venimeux étaient sacrés, car élus par la Déesse Hjian. Mais un humain venimeux... comment interpréter ce présage ? Les hommes présents dans la salle du trône en ce moment s'attellèrent à lui poser toutes les questions nécessaires à la compréhension de cette incroyable histoire. Ils comprirent bien vite que l'enfant ne venait pas des enfers, qu'il n'avait pas été envoyé à Yesables avec un quelconque message pour l'espèce humaine. Il était né humain, voilà tout... difficile à avaler pour des gens qui s'entredéchiraient pour savoir si la venue sur terre d'un enfant divin était un signe d'espoir ou de fin de l'humanité prochaine. Peut-être n'étais-ce là qu'une fantaisie de la déesse ? L'affaire fit fureur durant des années à travers tout le royaume.

Pour le roi, il y avait un problème plus urgent que le décryptage des signes envoyés par la déesse. Le garçon était désormais un être sacré, qu'il fallait traiter avec le plus grand respect et dont il fallait s'occuper du mieux possible. Mais dans le même temps, ce n'était qu'un pauvre orphelin sans le sou, qui ne survivrait pas longtemps dans un monde si hostile. Protéger l'enfant Unique était devenu sa priorité, c'est pourquoi il décida de le garder au palais. Il ne pouvait l'adopter et ne le voulait pas non plus, sa famille se devant de rester "pure." Pas plus qu'il ne pouvait garder un pauvre dans le palais, quelle qu'en soit la raison, selon les anciennes lois du royaume. Que faire, que faire... c'est en apercevant une petite silhouette cachée derrière un rideau de plantes que le roi eut un éclair de génie.

-"Dis moi, mon garçon, est-ce que ça te plairait de rester vivre avec nous ?"

Tous tournèrent la tête vers le roi, faisant silence, attendant de comprendre ce qui venait de lui passer par la tête. L'enfant, émerveillé, hocha de la tête avec des étoiles plein les yeux, se demandant s'il n'était pas en train de rêver.

-"Malheureusement, ça risque d'être un peu difficile... tu es trop jeune pour comprendre nos lois et nos méthodes de fonctionnement, mais ta condition de pauvre m'empêche de te garder "libre" dans le palais."

La joie du garçon retomba aussi vite qu'elle était montée, ce dernier croyant avoir été la victime d'une farce cruelle d'adulte. Mais le roi avait autre chose en tête que de torturer un pauvre enfant abandonné.

-"Edes !"

Après ce cri, il fallut encore attendre de longues secondes avec qu'une fillette du même âge que Shuu ne se décide à sortir de derrière son rideau de plantes, toute gênée. Les grandes personnes présentes recommencèrent à murmurer entre eux et à pousser des exclamations, visiblement outrés et choqués que la petite ait assisté à cette réunion importante en cachette... comme elle le faisait avec toutes les autres réunions sérieuses où sa présence n'était pas souhaitée. La petite alla se placer près du roi et regarda le jeune garçon avec grand intérêt.

-"Tu vois mon garçon, Edes est ma fille. Je pourrais te proposer de devenir son dévoué serviteur, en échange de mon hospitalité dans ce palais. Je suis certain que vous pourriez bien vous entendre ! D'autant plus que je veillerais personnellement à ce que tu sois bien traité."

Alors c'était ça, l'astuce ? Il suffisait de subir les caprices de la fille du roi, et l'on pouvait être choyé et habiter dans le monde des riches ? L'affaire était assez alléchante... Beaucoup plus alléchante que l'option "retour à la case départ." Le garçon observa la fillette un instant... aussi chétive que lui, passant ses doigts dans ses longs cheveux blonds, le regardant avec de grands yeux aussi bleus que les siens. Elle souriait, tout simplement. Un vrai sourire joyeux et un peu naïf. Le jeune garçon eut vraiment l'impression d'avoir une fille bien en face de lui, et non plus une peste qui s'amuserait à lui pourrir la vie. Il ne lui fallut pas plus de sa première impression pour accepter la proposition du roi. Ce dernier demanda haut et fort à l'assemblée attroupée autour de lui si quelqu'un avait un problème avec cette proposition, et il s'avéra que même ceux qui voyaient cette histoire d'un mauvais œil n'osèrent pas s'opposer à la décision qui venait d'être prise.

Quelques heures après cette fameuse réunion au sommet, le roi marchait tranquillement à travers tout le palais, sa fille d'un côté et l'enfant miraculeux de l'autre, faisant une petite visite guidée à ce dernier. Shuu était heureux, véritablement heureux, pour la première fois de sa vie. Du moins, il ne se souvenait pas l'avoir été avant, mais sa mémoire ne remontait pas aussi loin qu'il ne l'aurait voulu. Il s'était tout de suite attaché à Edes, avec qui il parlait avec entrain. Le roi lui-même était content de voir que l'inquiétude et le mutisme relatif de l'enfant avaient tout simplement disparut. Malheureusement pour lui, il ne put pas profiter du spectacle bien longtemps, étant donné qu'un messager vint le prévenir que des affaires urgentes l'attendaient ailleurs et qu'il devait s'en occuper immédiatement. Il soupira avant d'observer sa fille qui emmenait l'enfant dans sa chambre en le tirant par le bras. Il était heureux de voir qu'elle le considérait comme un ami et non en véritable esclave.

_______

Bien plus tard, durant leurs jeux, Shuu apprit que sa nouvelle amie possédait elle aussi un don fort particulier. Si lui n'était qu'une curiosité et un "animal sacré" aux yeux des gens, Edes était une véritable héroïne pour la grande majorité des riches de la ville. Alors qu'à sa demande, le garçon avait recommencé à sécréter du poison, la jeune fille lui expliqua qu'elle aussi savait faire des "trucs géniaux."

-"Tu ne t'es jamais demandé d'où venaient toutes les plantes du palais ?"
-"Non..."
-"Regarde !"

Et hop, en quelques secondes, une fleur venait de pousser sur un meuble que la jeune femme touchait du bout des doigts.

-"C'est grâce à moi qu'elles poussent ! Je peux décider de faire pousser ce que je veux où je veux ! Et mes plantes restent en vie tant que je suis à proximité ! Elles continuent à se multiplier toutes seules, même si je ne leur demande pas... ça par contre, c'est moins amusant !"

Quelques jours avant cette révélation, le roi lui avait demandé de protéger sa fille du mieux qu'il le pourrait, parce qu'elle était vraiment importante, plus qu'il ne l'était lui même... il n'avait pas compris pourquoi, mais tout gosse qu'il était, il comprit bien vite que son amie pouvait transformer le désert en monde vert grâce à son pouvoir !
C'est ainsi que Shuu eut l'idée fixe de devenir fort, très fort, assez pour protéger la petite princesse contre tous les dangers. Enfin, il se persuada que c'en était l'unique raison ; mais en réalité il aimait tellement sa nouvelle compagne qu'il avait décidé de ne jamais laisser personne lui faire de mal. Deux ans plus tard, il eut l'âge légal pour commencer à participer aux entraînements des futurs membres de la garde royale. Bien sur, il ne deviendrait jamais garde, mais apprendre à se battre lui serait vraiment bénéfique pour la suite.

Et il réussit à se faire un nom, le bougre ! Plus les années passaient, plus il devenait dingue de sa princesse qu'il servait avec zèle. Plus elle grandissait, plus elle était belle et agréable à vivre, ce qui lui donnait la force de continuer les entraînements et la volonté de devenir toujours plus fort. Le jour de ses dix-neuf ans, il put tenir tête aux plus puissants membres de la garde royale, tout en restant l'une des personnalité les plus marquantes de la famille royale. Même s'il n'était qu'un serviteur, il en était petit à petit venu à avoir lui-même ses propres esclaves. Les habitants du palais et des quartiers riches ne parlaient plus de lui comme d'un sous fifre mais bien comme d'un noble à part entière, comme s'il avait toujours fait partie de la haute noblesse du pays. Tout ça grâce à une simple maîtrise de la magie considérée comme un don divin... belle ironie, pas vrai ? Alors que bien d'autres pauvres maîtrisent des formes de magie plus puissantes que la sienne et qu'ils auraient pu connaître le même avenir glorieux que lui au lieu d'une morte pitoyable. Triste. Même si Shuu s'en moquait pas mal... enfin... il y pensait, parfois, mais ce n'était pas ça qui l'empêchait de dormir. Il n'hésiterait pas à aider ceux qui viendraient le voir dans la mesure de ses possibilités, bien sur, mais ce n'était pas lui qui irait vers les autres en bienfaiteur.

Tout aurait pu continuer comme ça, mais le malheur finit par s'abattre sur le pays.

C'était une journée comme les autres, chaude et pleine de surprises. Shuu était assit sur un amoncellement de coussins tous plus confortables les uns que les autres, alors que sa chère princesse s'était allongée à côté de lui pour lui raconter des histoires et lui lire certains passages des livres qu'elle avait chipé à la bibliothèque du palais, comme à son habitude. Le jeune homme, lui, était plus occupé à contempler la princesse qu'à l'écouter parler... Le fait que les gens ne se vêtissent que très peu dans ce monde était dévastateur sur la santé mentale du pauvre jeune homme. Elle était là, aussi innocente qu'à son habitude, exposant son corps fragile aux yeux ma fois très observateur de son serviteur, sans lui laisser accès à son intimité. Shuu n'était pas pervers, loin de là, mais tout de même... c'était un homme ! Pour sa défense, il s'imaginait plus en train de la prendre dans ses bras et de rester ainsi pendant des heures que des choses louches. Si des lecteurs comme vous se rendent maintenant compte que notre élu des dieux était littéralement amoureux fou, le jeune homme ne s'en rendait absolument pas compte. Pour lui, c'était simplement normal d'adorer une fille comme elle, qui n'avait jamais rien fait de mal de sa vie et qui s'était toujours montrée généreuse avec tout le monde. Ce qu'il ne savait pas, c'était que ce sentiment était partagé.

Mais laissons là ces deux tourtereaux qui s'ignorent, car ce n'est pas là que le principal de l'action se passe ! Ce jour là, donc, une bande d'individus pour le moins suspects s'avançait vers le palais royal. Tous lourdement habillés de noir, mis à part une jeune femme qui ne devait pas avoir plus de vingt ans qui se contentait de l'habillement léger du peuple. Ils se dirigèrent vers les barques et furent arrêtés par les gardes royaux qui ne comptaient pas les laisser passer sans une bonne raison. Les trois gardes qui s'interposèrent furent impitoyablement massacrés par le groupe... ce qui entraina une "guerre" ouverte entre le reste de la garde et ces rigolos qui pensaient pouvoir attaquer le palais impunément. Le groupe de gens en noir n'avait évidemment aucune chance, mais la jeune femme s'avança avec une étrange carte à la main. Elle ferma les yeux devant la masse de gardes qui s'attelait à les encercler et murmura un nom.

-"Acubens..."

L'instant d'après, la carte flottait dans les airs, tournoyant sur elle même, avant de disparaître en laissant place au fameux Acubens. Une véritable monstruosité, salamandre titanesque, dépassant les cinq mètres de hauteur pour une longueur que personne n'aurait pu estimer. Elle était bleue, sa peau semblant être faite de glace, alors qu'une quantité non négligeables de flocons de neige semblaient tournoyer autour d'elle. Glace, neige... personne dans ce monde n'aurait pu en voir. Émerveillés et effrayés dans le même temps, les gardes ne purent que se faire écraser par la bête titanesque alors que les fuyards furent pris dans son souffle de glace. La bête gela l'eau entourant le palais et le groupe put continuer son avancée. Ils allaient simplement massacrer la plupart des habitants du palais, exécuter le roi, s'emparer de la princesse et régner sur le monde humain. D'où venaient-ils ? Qui étaient-ils ? Personne ne le savait et tous s'en moquaient.

Dans le palais, l'affaire fut vite faite : il n'y avait aucune résistance capable de s'opposer à la salamandre qui semblait également capable de réduire sa taille à volonté afin de se percher sur l'épaule de sa maître ou, au contraire, redevenir assez grande pour tuer les opposants. Le roi fut traqué, tué sans pitié. Beaucoup de sages et savants furent épargnés mais la princesse devait être capturée à tout prix. Pourtant, ils ne la trouvèrent pas dans sa chambre... lorsque Shuu avait compris ce qu'il se passait, il avait tenté de fuir avec elle. Malheureusement, ses opposants furent plus malins que lui et, après une nouvelle traque à travers le palais, ils furent découverts. Les aspirants au pouvoir savaient qu'un élu des dieux résidait dans le palais, mais ils ne s'attendaient pas à mourir les uns après les autres sous ses coups. Finalement, son entraînement lui servait à quelque chose ! Mais malgré toute sa force et tout son courage, il fut confronté à la jeune femme et à sa salamandre. Un combat acharné débuta entre la bête de glace et l'homme venimeux... A vrai dire, la bataille ne dura pas longtemps, Shuu finissant plaqué au sol par un monstre à bout de souffle, dévoré intérieurement par le poison qui coulait dans ses veines. Mais même ainsi diminué, le monstre avait assez de force pour se débarrasser de tous les adversaires qu'il rencontrait.

Shuu, animé par l'énergie du désespoir, réussit à se dégager des affreuses pattes froides du reptile. Mis s'il se releva, c'est uniquement pour voir sa chère princesse s'élever dans les airs en poussant un cri de surprise. Des flocons de neige tourbillonnaient autour d'elle alors que sa peau se couvrait petit à petit de glace. Complètement paniquée, elle tendit une main vers son fidèle serviteur en l'appelant au secours. Shuu lui aussi tendit la main vers elle, s'avançant dans sa direction en titubant. Dans son esprit, il allait lui attraper la main et tous les deux réussiraient à fuir ce maudit palais, ils pourraient s'échapper ! Il réussit à saisir la main de sa chère princesse, et cette dernière lui adressa un grand sourire, alors qu'elle était en train de geler.

C'est alors que le désespoir s'empara de lui. Fuir ? Pour aller où ? Dans les quartiers riches, où les gens n'hésiteraient pas à les vendre aux prochains dirigeants de la ville ? Dans la banlieue où ils ne survivraient pas beaucoup plus ? Chez les Wandeers ? Avec le risque de se faire dévorer vivants avant ? Non, ce monde était remplis de désespoir, ils n'avaient nul part où aller... La princesse devint une magnifique statue de glace. Shuu, affolé, réussit à détacher sa main de celle de sa princesse et ne put que pleurer en voyant le visage souriant de celle qu'il avait juré de protéger. Fou de rage, équipé de son gantelet, il tenta de griffer la glace, de libérer Edes de sa prison froide... sans aucun succès.

-"Inutile. Acubens l'a emprisonnée dans un cercueil de glace plus résistant encore que le diamant. Tu ne pourras pas la briser. Mais rassure-toi, cette glace spéciale la maintiendra en vie."

Shuu se tourna vers elle, la foudroyant littéralement du regard.

-"Mmmh... quel regard amusant. Il insinue tellement de choses... mais saches que même si tu battais Acubens, cette petite idiote ne sera pas libérée pour autant. Et même si tu arrivais à briser la glace, chose déjà impossible, il te faudrait le faire tout en gardant son petit corps intact. Le problème est que même si tu pouvais la libérer, elle mourrait sur le coup. Tu ne peux plus rien pour elle !"
-"Pourquoi..."
-"Pour le pouvoir. Dans quelques instants, le pouvoir sera totalement renversé. Ce palais sera mien, cette ville sera mienne et bientôt ce monde tout entier sera ma possession. Mais cette imbécile était assez intéressante, son pouvoir lui permettait de maintenir les plantes en vie. Acubens et moi avons élaboré ce petit sort tous les deux... elle ne mourra jamais, elle se contentera de rester telle qu'elle dans ce bloc de glace, à jamais. Les plantes, elles, continuerons de pousser et de décorer mon palais."
-"C'est... vraiment horrible... est-ce qu'elle..."
-"Oui, elle nous entend. Elle nous voit, elle vit, comme je te l'ai déjà dit. Elle souffre, aussi, horriblement, mais je m'en moque et elle continuera d'endurer cette torture éternelle jusqu'au jour où quelqu'un la libérera de sa prison, mettant fin à ses jours par la même occasion. Maintenant, je te laisse le choix, enfant venimeux. Je ne crois pas en vos dieux, je peux te tuer sur le champ si je le veux... mais le peuple risquerait de se soulever contre moi si je ne respecte pas leurs croyances. Je ne te garderais pas ici, mais je te laisse libre de partir où tu le voudras. Tu pourras essayer d'y devenir plus fort et te persuader que tu peux faire quelque chose pour ta princesse. Mais je te préviens, tu n'as encore rien vu de l'étendue des pouvoirs d'Acubens et notre prochaine rencontre sera la dernière. Si tu refuses, alors je te tuerais sur le champ, c'est aussi simple que ça. Ho, je sais, tu as envie de crier à l'injustice, mais... la justice, vois-tu, est toujours du côté du plus fort. Celui qui subit trouvera toujours son sort injuste, alors que celui qui domine sera toujours heureux de son destin."

Shuu ne demanda pas son reste et fuit comme un lâche, les larmes aux yeux. La jeune femme portant le doux nom de Yui le laissa emporter tout ce qu'il désirait... Shuu se contenta d'un peu de nourriture, d'une bonne réserve d'eau, de son arme et d'une peluche ayant appartenu à sa princesse. Il laissa un peu de poison couler sur le reste des aliments et des réserves d'eau, même en sachant que cela ne tuerait personne, et se mit à courir à travers toute la ville, en direction de l'extérieur.

Yui ne toucha jamais aux aliments empoisonnés et s'auto-proclama Princesse de Yesables. Désormais, la tyrannie est totale. Quiconque tente de s'opposer à la Princesse finit gelé ou piétiné alors que magiciens et visiteurs d'autres mondes sont mis à mort. Shuu, quant à lui, s'entraîne sans relâche dans le désert depuis quelques mois, se jurant de venger sa bien aimée et de mettre fin à cette torture éternelle. Son vœu le plus cher est de libérer sa ville natale de la tyrannie de cette folle, tuer sa bien aimée et probablement se suicider par la suite. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'il lui faudra vivre des tonnes de nouvelles aventures, dans d'autres mondes, avant de gagner assez de puissance pour réaliser son rêve.

Bouaaaaaaah T_T sale fourbe.

J'ai enfin fini ma lecture (tu m'excuseras j'ai sauté quelques passages... j'en ai mal aux yeux.)

Quand je disais que t'écrivais trop...

Bref, tout est bon, je valide. (tu te souviens de mon pote le Wishmaster ? xD fais gaffe à toi Chou.)

Amuses-toi bien sur Symphonie !